résidence curatoriale

Arts en résidence + la malterie + la kunsthalle + artistes en résidence + le bbb centre d'art

Chère Diane

22/11/2016 Cher Benoît…

Cher Benoît,

Ayant oublié de te faire La présentation des présentations de Camille Bondon lorsqu’on s’est vus à Toulouse, je te la fais par vidéo interposée. L’occasion pour moi de me tester à un nouveau format de la parole, qui donne à voir les gestes et mimiques qui accompagnent mes mots.

Je t’embrasse.

18/10/2016 Chère Diane…

Chère Diane,

Comme tu aimes bien les faits concrets, voici un petit retour en chiffres de mon deuxième séjour :
Nombre d’artistes rencontrés : 54
dont artistes revus : 8
dont artistes hommes : 33
dont artistes femmes : 17
dont collectifs : 4
Nombre de commissaires / chercheurs rencontrés : 6
Nombre d’expositions visitées : 19
dont vernissages : 7 (dont 6 à Clermont-Ferrand!)
Nombre de cartes postales adressées : 22
dont cartes postales adressées à des hommes : 10
dont cartes postales adressées à des femmes : 9
dont cartes postales adressées à des collectifs : 3
Nombre de visiteurs sur mon blog : 668
dont, au jour le plus faible : 0
dont, au jour le plus affluent : 91

Te voilà bien informée, chère Diane.

04/10/2016 Chère Camille…

Chère Camille,

J’ai eu une longue discussion avec Martial Déflacieux d’Artistes en résidence au sujet des mots qu’on met sur les œuvres d’art. Il écrit une thèse sur les rapports entre texte et production artistique, en analysant notamment le rôle et l’impact des textes de médiation, à disposition du public dans les expositions. Il semble que les mots soient un des grands sujets de la semaine, après les Esquisses de ce week-end, ces œuvres qui « résistent » ou « échappent aux mots » (formule que j’ai utilisée dans les deux cartes postales que je t’ai adressées, sans me rendre compte de cette répétition), mes doutes au sujet de Diane et tes retours précieux sur mon écriture qui me confirment ce que je savais déjà, qu’il faut arrêter d’écrire à Diane, publiquement en tout cas. Martial est plus radical, il pense qu’il faut tuer Diane. Dramatiquement parlant. C’est vrai que j’avais songé moi-même à une sorte de mise à mort sous forme de pièce de théâtre, mais comme tout m’échappe de l’écriture de pièces de théâtre, je préfère opérer une substitution symbolique par toi, ma chère Camille. Tu es en passe de devenir mon unique correspondante.
Je t’embrasse.

02/10/2016 Chère Diane, Chère Camille…

Chère Diane, chère Camille,

Alors que j’entretiens des correspondances avec toutes les deux, il me semble que je ne vous ai jamais présentée l’une à l’autre.
Voilà donc chose faite.
Je suis arrivée à Clermont-Ferrand hier soir, à mi-chemin de mon second voyage, à la moitié de la durée totale de ma résidence. Il était donc de mise – comme la dernière fois – de me poser un certain nombre de questions sur mon écriture.
Tu sais, Diane, j’hésitais beaucoup à reprendre notre correspondance. Non pas parce que je n’apprécie pas t’écrire, mais parce que, comme Thierry de Duve le disait si justement, une adresse devant témoins se meut en prise d’otage. De toi ou de moi, ça par contre, ce n’est pas si clair.
Qu’on ne se méprenne pas : J’ai besoin de t’écrire, chère Diane. Cela m’aide (suite…)

30/09/2016 Chère Diane…

Chère Diane,

Que deux visites d’atelier aujourd’hui, je m’ennuierais presque!
Pierre-Yves Brest est photographe, bien qu’il avoue que les photographes l’ennuient souvent terriblement, et qu’il préfère les causeries avec les plasticiens. Sa pratique interroge le visible, le regard et le regardeur, le sens que le positionnement de ce dernier confère à une image. Le regard est le plus paresseux des sens mais paradoxalement aussi celui avec le plus de pouvoir. La photographie de Pierre-Yves met en lumière cette tension entre le surexposé et le non considéré, qui parfois vivent dos à dos, se frottent l’un à l’autre sans jamais se rencontrer.
Sébastien Hildebrand va creuser les images à la recherche de leurs composants (suite…)

29/09/2016 Chère Diane…

Chère Diane,

Julien Boucq a une pratique du déplacement et du décalage légers. Il prélève ou au contraire glisse des signes dans l’espace quotidien, créant des troubles à l’ordre publique discrets et subtils. Qu’il s’agisse de lâcher des ballons de baudruche isolés dans la ville, de poser des boules de papier colorés sur les intersections de carrelage, de poncer des chiens en porcelaine, de recenser toutes les rues de Lille en France, de graver un mot dans un tronc d’arbre ou de recueillir la poussière de ses vêtements, ses œuvres nous obligent de nous positionner face au réel le plus trivial.
David Leleu, qui participera aux Esquisses ce weekend, travaille quant à lui avec des images trouvées comme matière première, images dont il perturbe la lecture (suite…)

28/09/2016 Chère Diane…

Chère Diane,

Ce matin j’ai rencontré Grégory Buchert. Son travail tourne (en rond) atour des notions d’errance, d’échec, de détours, de quête. Le motif du cercle est omniprésent, pas forcément en tant que boucle, plutôt en tant que spirale. Performatives, ses œuvres le mettent en scène en tant que saltimbanque – sorte de dédoublement de lui-même – empruntant obstinément la voie la plus complexe pour arriver à son but, pas toujours très clairement défini. (Je m’excuse, car Grégory m’a avoué que ces qualificatifs récurrents d’anti-héro le gonflaient). Ses pérégrinations dans les sous-bois du monde de l’art (il n’y a que très peu d’informations accessibles sur le net) questionnent in fine la place de l’artiste dans la société, la trace qu’il laissera, la reconnaissance (suite…)

27/09/2016 Chère Diane…

Chère Diane,

Mon adresse à toi commence à se trouer des voyages.
Je suis arrivée hier soir à Lille ! Je vais rencontrer les artistes de la malterie, et préparer le projet des Esquisses qui sera présenté aux Portes Ouvertes de la malterie weekend prochain. Semaine dense en vue.
Je commence mes visites d’atelier par Manon Thirriot, jeune diplômée de l’Ecole d’art de Tourcoing et qui a été sélectionnée pour le programme Starters : un accompagnement professionnel d’un an avec atelier mis à disposition à la malterie. Tout l’enjeu de sa jeune pratique de photographe sera de se questionner sur la place qu’occupe le voyage dans son travail et quel statut il a : déplacement, excursion, rencontre, marche solitaire, exotisme, prétexte (suite…)

24/09/2016 Chère Diane…

Chère Diane,

Aujourd’hui, je n’ai pas de rendez-vous. Les expositions à Bâle étant encore en grande partie les mêmes que celles découvertes en juin, je décide de me promener à Mulhouse. Je fais un tour à son marché si réputé – le marché du canal couvert – témoin de la richesse multiculturelle de Mulhouse, ville de province avec le plus fort taux d’immigrés (autour de 25% de la population, de 136 nationalités différentes). Juste à côté du marché s’étend la cité ouvrière de Mulhouse, construite selon un modèle architectural mettant en avant simplicité formelle et équité, le carré mulhousien. 4 familles se partagent un terrain carré au centre duquel les 4 habitations sont collées les unes aux autres, entourées de jardinets. En parcourant les ruelles (suite…)

23/09/2016 Chère Diane…

Diane,

I spent my day in Basel speaking english, français und deutsch and alles durcheinander. I met Lena Eriksson in the morning – une person d’une douceur et d’une sensibilité incroyable! Next to her ongoing drawing series about every day life, she’s involved in several collectif projects, like Neuland Magazine or Lodypop – a project room she started in her flat, the name standing for « Leistung ohne Druck und Projekte ohne Panic ». We start a very interesting discussion about what it means to be an artist, how to define yourself, how to place yourself within the art world and society, how to evaluate the value of your work. Unfortunately, I have to leave in the middle of the discussion in order not to be late for lunch with Alexandra Stäheli, coordinator of Atelier Mondial, (suite…)

22/09/2016 Chère Diane…

Chère Diane,

J’ai l’impression d’organiser mes visites en journées thématiques. Les artistes rencontrés aujourd’hui ont en commun de travailler avec des matériaux immatériels, le son, la lumière, la chaleur, le texte, la performance, le temps… qui prennent corps de manière différentes.
Brice Jeannin, artiste plasticien et enseignant à la HEAR (Haute école d’Art du Rhin, département SONIC), s’intéresse au déploiement spatial du son. Le matériau sonore est toujours abordé avec une relative simplicité, évitant l’écueil de la technicité pour privilégier une écoute attentive du quotidien qui sera ensuite traduit en signaux. Le son est modulé au même titre que sont sculptés les volumes géométriques qui lui servent de réceptacle ou de caisse de résonance. Le duo d’artistes Lingjie Wang et Jingfang Hao ont une approche sensible (suite…)

21/09/2016 Chère Diane…

Chère Diane,

Tandis que hier j’ai été amenée à réfléchir beaucoup aux différents systèmes normatifs et comment les artistes arrivent (ou pas) à en jouer, à les court-circuiter et à ouvrir certaines brèches, les rencontres et discussions d’aujourd’hui questionnent l’impact des territoires et modes de vie sur la production artistique. Le travail de Laurence Mellinger respire son engagement éco-responsable tandis que Sandra Kunz transporte en elle et dans ses œuvres une culture hybridée entre l’Occident et la Chine – je suis très touchée par une installation qu’elle a réalisée en Chine et pour laquelle elle a missionné des artisans chinois a reconstruire un village typiquement chinois dans la galerie, sans aucune instruction précise – ce qui est très peu convenu (suite…)

20/09/2016 Chère Diane…

Chère Diane,

Me voilà de retour sur la route. Première étape, Mulhouse, et je commence de suite avec un rendez-vous important. Je rencontre Robert Cahen, grand vidéaste dont le travail a marqué l’histoire de l’art vidéo français. Nous discutons de l’expérience du voyage, d’images nomades, du motif du train et de celui de l’eau, de la poïésis, de musique concrète, du pouvoir révélateur du ralenti. A ma question sur la teneur politique de la production d’images lucioles à l’ère des projecteurs (en me rappelant cette belle métaphore de Pasolini), il répond que notre monde n’est pas surexposé, qu’il y a en réalité très peu d’images. Tout est question de choix de mots.
http://robertcahen.com (suite…)

04/07/2016 Chère Diane…

Ma chère Diane,

Je te remercie de m’avoir prêté ton oreille pendant ce dernier mois et d’avoir enregistré toutes mes notes, tous les noms des gens que j’ai rencontrés et mes premières impressions à chaud. Tu me seras précieuse dans la phase de décantation, digestion, réflexion qui suivra cet été!

Je t’embrasse,
à très bientôt,

bisous !

 

03/07/2016 Chère Diane…

Chère Diane…

Après avoir visité la grotte de Pech Merle, nous retournons à Cahors. Tandis que le groupe presse rentre à Paris, nous rencontrons Anne Camille Allueva, artiste photographe, dans un bar de Cahors. Son travail questionne les limites entre image et sculpture, planéité et surface, ligne et plan, opacité et transparence. Esthétique minimaliste, noir et blanc, découpes franches, contraste poussé. Son mot préféré est « pli », notion qui, dans sa manière de faire transition entre plan et volume, me paraît très juste à l’égard de son travail. Nous discutons de l’utilisation du flash et de savoir s’il aplatit ou fait ressortir (suite…)

02/07/2016 Chère Diane…

Chère Diane…

Nous continuons notre voyage dans le Lot, en nous greffant sur le groupe presse. Nous partons en mini-bus sur des routes sinueuses pour nous rendre à Cajarc, à la MAGP (Maison des Arts Georges Pompidou). Un parcours d’art contemporain à travers la vallée du Lot est installé entre Cajarc et Saint-Circ Laponie, fruit d’une résidence d’artistes qui fonctionne, elle aussi, sur invitation. Les commissaires sont Martine Michard, directrice de la MAGP, et Rob La Fresnais, critique d’art et commissaire d’exposition. Le titre « Exoplanète Lot » nous annonce une dérive à travers le paysage, en quête d’un nouveau territoire habitable. (suite…)

01/07/2016 Chère Diane…

Chère Diane…

10h00. Visite au collectif IPN, en compagnie d’Audrey Douanne, Julien Alin, Lucie Laflorentie, Céline Ledru et Sylvain (oublié de noter son nom de famille). Atelier mutualisé à 30 (!) artistes, location auprès d’un particulier, sur initiative d’anciens étudiants des Beaux-Arts de Toulouse. Mixité entre artistes, artisans, graphistes, musiciens… Refus de subventions publiques, sauf pour certains projets collectifs. Atelier de gravure et sérigraphie et vaste espace de travail partagés. Les ateliers individuels sont par contre beaucoup plus petits que ce que je pensais et souvent partagés (suite…)

30/06/2016 Chère Diane…

Chère Diane,

10h30 Rencontre avec Samir Ramdani, artiste vidéaste, au café L’Impro.
Cinéma, fiction, univers, genres, codes, travelling, travestissement, formalisme, mouvement, déplacement, chorégraphie, délimitations, transgression, espace social, marginalité, politique sous-jacent, rap, art contemporain, chorégraphies, l’espace cinématographique comme espace d’exposition d’œuvres d’art.
http://redshoes.fr/category/samir-ramdani/
(suite…)

29/06/2016 Chère Diane…

Chère Diane,

Je continue de te faire le récit fragmenté et morcelé de mes journées.

10h30. Rencontre avec Laurie Dall’Ava, artiste photographe, au bbb.
Territoire
délimitation
circonscription
contour
graphique
coupe franche
minimalisme
formalisme
cadrage
marges (suite…)

28/06/2016 Chère Diane…

Chère Diane, je commence ma prospection toulousaine avec une visite d’atelier avec Rémi Groussin, artiste plasticien, à Lieu Commun, artist-run-space à Toulouse. Tour rapide de l’exposition Oxymore and more and more de Quentin Euverte, Beatriz Toledo et du collectif ILE/MER/FROID. Béton et images se joignent pour pétrifier le réel, je repense aux fontaines pétrifiantes de ST Nectaire, dont on m’a beaucoup parlé à Clermont-Ferrand, et dont mon imaginaire me dépeint une image complètement fascinante. (suite…)