Mon ennui

 

Mon ennui

Je m’ennuie. C’est trop long tout ça, ça  germe, ça se prépare. Tout le temps  de la gésine, c’est comme une douleur sourde qui fait battre le cœur, parfois un peu trop vite. La porte de l’atelier est dure à pousser, le café me retient à la table, mes amis sont trop gentils. Les discussions, les remises en questions, le doute est total. Pas là la liberté et sans la liberté, impossible d’agir.

Je ne sais pas quoi faire. Pas quoi peindre, je sais pas comment, j’ai envie mais pas assez. Non pas assez encore. C’est pas le moment.

Toutes ces gesticulations, le spectacle des scènes actuelles m’irrite. 

Entière.

Pas autrement.

Les mots importants sur le mur de l’atelier: décision, liberté.

Il faut se jeter à l’eau, se mettre en danger, le dessin c’est sur un fil, l’équilibre, tout peut basculer, un battement de cœur en trop, une respiration mal placée, c’est foutu.

Mettre à nu, tout çà, toutes ses émotions ces sentiments que j’éprouve, ces tristesses, ces nostalgies, tout.

C’est l’ennui, qui génère ma peinture. C’est la vie qui fabrique mes mélancolies. Mais je ne suis pas triste. Aller, je coupe du papier, j’aime bien les grands morceaux de papier, couper au couteau, le son de la déchirure, je l’accroche, parfois rien qu’à voir sa forme je sais que ça sera raté.

Mes seaux, mes pots, mes fonds de jus de peinture de la dernière fois, les plus beaux, les meilleurs, les pigments bien mélangés, les pinceaux que j’aime, ont trempé longtemps les poils sont à point.

 

Je suis au monde et je trace. Moments de l’Ultra-ordinaire, je trouve la sensation, le sentiment, aujourd’hui elles seront de très grandes mélancolies, « les intempéries », des cieux, changeants, pleuvant, lumière grise un peu violacée.

3 pinceaux chinois, poils longs, grande absorption je les trempe tous les trois ensemble et j’attaque.

Horizontalement, je couvre toute la surface de gris, ça dégouline. 20 fois 30 fois, la profondeur se crée, bitume, encre pure en pâte, elle sent bon les herbes. Surfaces opaques, transparences, je dessine le vide, le risque c’est de le combler.

Je suis au monde je trace, une autre feuille. Même format ou un peu plus grand, je ne peux guère plus.

J’ai ressenti, je suis là, je me souviens,  je ressens.

Je retrouve  le sens, j’attaque en quelques assauts sur mon support. 

Je donne tout..

S’il n’y en a que la moitié ou s’il y a le moindre doute: c’est raté.

 

Commentaires

Très beau texte en guise

Très beau texte en guise d'ouverture de ton blog !!!
- Camille -

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